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Écrivain français, Romain Rolland est né le 29 janvier 1866 à Clamecy (Nièvre), dans une vieille famille de bourgeois bourguignons de tradition protestante et républicaine.

Il passe toute son enfance dans la douceur de la vie provinciale avant de poursuivre ses études à Paris, où sa famille s’installe en 1880.

Il découvre avec enthousiasme les œuvres de Shakespeare et de Victor Hugo.

Reçu en 1886 à l’École normale supérieure de la Rue d’Ulm, où il rencontre André Suarès, agrégé d’histoire en 1889, il lit Nietzsche, Goethe, Spinoza et Tolstoï et se forge une philosophie personnelle, résumée dès 1888 dans Credo quia verum, où s’exprime un panthéisme cosmique.

De 1889 à 1891, pensionnaire à l’École française de Rome, Romain Rolland travaille dans des archives sur l’histoire de la musique.

Il découvre Raphaël, Michel-Ange et s’enivre de la lumière romaine. Il s’intéresse surtout à la musique et à la littérature. Amoureux de Mozart, attiré par Beethoven, il se passionne pour Wagner. Il commence à dresser une première ébauche de son futur grand roman, Jean-Christophe, ébauche une théorie du “roman musical”.

Il tente une action internationale avec la Déclaration de l’Indépendance de l’Esprit, qui n’eut guère de suite.

Déçu par les violences de la révolution russe, il n’accepte pas l’intolérance des partis. Dans sa controverse avec Henri Barbusse, il refuse la dictature communiste et veut “garder l’intégrité de la pensée libre, fût-ce contre la Révolution”.

Son idéal pacifiste et internationaliste lui inspire Clérambault en 1920 et l’amène à fonder la revue Europe en 1922.

La même année, il part s’installer à Villeneuve, en Suisse. Il commence son deuxième grand roman, L’Âme enchantée, publiant trois volumes: Annette et Sylvie en 1922, L’Été en 1924, Mère et fils en 1927, qui reprennent ses thèmes privilégiés.

Il s’intéresse à l’hindouisme et aux théories de la non-violence, écrit un Mahatma Gandhi.

Il publie La Vie de RamakrishnaLa Vie de Vivekananda et l’évangile universel.

Dans la pensée religieuse de l’Inde, Romain Rolland retrouve le contact avec l’Être, source profonde à laquelle il n’a cessé de s’abreuver.

Cette croyance, base du Credo quia verum, qui s’exprime dans Jean-Christophe, est aussi la philosophie sous-jacente de L’Âme enchantée: Annette Rivière vit dans un contact permanent avec l’Être dans lequel, à la fin de sa vie, le romancier a prévu qu’elle doit se fondre, brisant le dernier enchantement.

Le musicologue revient à Beethoven, dont il étudie les grandes époques créatrices: De l’Héroïque à l’Appassionata et Goethe et Beethoven cherchent à retrouver à travers la musique l’âme qui s’y exprime.

Il est alors repris par le monde réel. La montée du fascisme en Italie, la politique des nations européennes, les changements en URSS après la mort de Lénine, le conduisent à réviser ses positions et à tenter de “concilier la pensée de l’Inde et celle de Moscou”.

Comme André Gide à l’époque, il est attiré par le communisme. Dès 1927, plus nettement dans les années suivantes, encouragé par Maria Koudacheva, venue d’URSS, qu’il épousera en 1934, il s’engage aux côtés des communistes.

Son Adieu au passé marque une rupture. Quand il reprend L’Âme enchantée, il se fait le chantre de la Révolution; la vie de Marc, le fils d’Annette, reflète sa propre évolution.

Les derniers volumes, La Mort d’un monde et L’Enfantement, portent la marque de son engagement. Malgré tout, il réussit à garder à l’œuvre son unité: au moment de sa mort, Annette retourne à l’Être.

Romain Rolland correspond avec les plus grands intellectuels de son époque, comme Sigmund Freud (psychanalyste autrichien), Richard Strauss (compositeur et chef d’orchestre allemand) et Stefan Zweig (écrivain autrichien).

Ce dernier rencontre  Romain Rolland, dont il partage les idéaux paneuropéens, esprit de tolérance à l’opposé des visions nationalistes étriquées et revanchardes. Zweig et Rolland deviendront des amis proches, unis par leurs intuitions sur l’Europe et la culture.

Le jeune Stefan Zweig a d’emblée été conquis par l’œuvre de Romain Rolland et plus encore par l’homme.

Il a été séduit par son humanisme, son pacifisme, sa connaissance de la culture allemande qui lui semble représenter une synthèse entre leurs deux cultures.

Entre ces deux hommes, c’est l’histoire d’une grande amitié qui commence par une relation de maître à disciple.

Stefan Zweig fait connaître Romain Rolland en Allemagne, travaillant inlassablement à sa renommée. Il fait représenter son Théâtre de la Révolution et Romain Rolland lui dédie la pièce qu’il termine en 1924 intitulée Le jeu de l’amour et de la mort avec ces mots : « À Stefan Zweig, je dédie affectueusement ce drame, qui lui doit d’être écrit. »

Quand il meurt, le 30 décembre 1944 à Vézelay, il laisse inachevés des Entretiens sur les Evangiles, publiés dans Au seuil de la dernière porte.

Durant toute sa vie, Romain Rolland a eu de multiples correspondants et il a tenu un journal. Ces documents permettent de découvrir la richesse de ce “beau visage à tous sens”, partagé entre Nietzsche et Tolstoï, entre le rêve et l’action, entre l’idéalisme et l’exigence rationaliste.